Ce week end avait lieu le championnat de France 3D 2016 à Bonneval dans le Centre. Dernier championnat organisé sur le mode 2 fois 20 cibles. Ensuite ? Surprise.
Comme vous le savez avec mon article précédent, je me suis récemment sélectionnée pour les championnats d’Europe. Mes dernières 2 semaines ont donc été consacrées à la préparation de ce championnat, tant dans le tir que dans tout ce que je dois penser à faire ou à prendre avant de partir. Impossible dans ma tête de me dire qu’il y a, avant, un championnat de France. Bon, je me dis que je réagirais bien une fois sur place.
En arrivant sur place, certains me demandent si mon objectif est de gagner. Non, bien sûr. Je suis peut être sélectionnée mais cela ne fait pas de moi LA meilleure française (la concurrence n’étant pas strictement la même entre le sélectif et le championnat de France). Je pars toujours 6ème sur le papier. Alors bien sûr, je ne viens pas pour rien. Je suis là pour me donner encore plus confiance en mon tir, en m’engageant à 200% sur chacune de mes flèches tirées ce week end. Et pour gérer mon mental dans les hauts comme les bas, dans les moments où le cerveau se met à réfléchir aux conséquences de mon tir, alors qu’il devrait uniquement se concentrer sur la flèche à venir. Après, bien sûr, si je peux grapiller des places….
(Origine photo : FxD Évents Photography)
Le samedi, je pars donc en tête du 2ème peloton. Je ne vois pas la journée passée. Les filles sont sympas, on papote, on se recentre pour tirer, ça roule. Le tir se passe bien. Le mental est bon, le score aussi : 379. Je ne réfléchis même pas aux scores des filles du 1er peloton. Moi, j’ai fait le job. Au retour, surprise, je suis 2ème. A 12 points de Déborah, mais surtout, je suis suivie de près par Elodie et Mylène (à 1 et 4 points derrière moi). Autant dire que tout se jouera le dimanche. L’écart est trop faible pour se donner gagnante. Et pourtant….
Le dimanche matin, je me réveille et mon cerveau se met déjà à cogiter. C’est tellement simple de commencer à rêver à ce podium potentiel. Mais attention, c’est justement ce que je veux éviter. Le cerveau rêve, on s’y voit déjà et on oublie de faire le nécessaire. Il ne reste ensuite que des regrets. Hors de question de tomber là dedans. Un coup de pied au c… mental plus tard, j’arrive sur le site avec le mental de la veille retrouvé : aujourd’hui encore il n’y aura pas de conséquences immédiates à mes flèches. Je les tirerais une par une, avec l’engagement nécessaire.
(Origine photo : FxD Évents Photography)
Je suis maintenant dans le 1er peloton mais là encore, les filles sont sympas, et on est toutes là pour passer une bonne journée. Malgré tout, on s’observe, d’un point de vue résultat, mais je reste détachée. A mi parcours, je me rends compte que le podium est largement atteignable, mais Elodie prend de l’avance. Suite à une erreur de tir de ma part, elle est à plus de 10 points devant. Si je ne me reprends pas, elle sera 2ème, et moi, au mieux 3ème. Je reste centrée sur mes flèches, mais j’y mets encore plus d’engagement pour lui reprendre des points. Mais elle aussi. Je fais 22, elle fait 22. Je fais 21, elle fait 21… On y met le paquet. A 2 cibles de la fin, je suis toujours à 7 points derrière. Je ne compte rien lacher malgré tout. Hors de question de regretter quoi que ce soit. J’ouvre sur un aigle, dont la zone reste invisible. J’enquille malgré tout un 21 contre 16 pour Elodie. Plus que 2 points de retard. Dernière cible. Une sorte de gros varan. Impressionnant par la distance de tir (38m de mémoire), le peu d’épaisseur de la bête, le lac derrière et la zone 10 invisible. Je me laisse impressionnée une fraction de seconde, puis je mets cette peur de coté. Ce qui compte maintenant, c’est de rattraper ces 2 points. Je tire mes flèches à 300%, et elles volent exactement où il le faut. En cible, je découvre les scores. Elodie fait 19, contre 21 pour moi. Nous sommes à égalité à 381. J’ai gagné ce « duel » : je suis médaille d’argent ! Et je bas mon record 40 cibles en prime ! Déborah reste bien loin devant nous, mais je suis fière de m’être battue jusqu’au bout pour ne pas me contenter du bronze. Et je remonte sur un podium national après 11 ans ! Là aussi, il a fallu être patiente ^^.
Je repars confiante pour la suite, parce que je sais que mentalement, je suis capable de beaucoup. Est-ce que ça suffira pour dans 2 semaines ? Je ne sais pas. Mais si je tire en Slovénie comme j’ai tiré sur ce France, une chose est sûre, quoi qu’il arrive, je n’aurais aucun regret.
Aurore