Et voilà, le week end tant attendu du sélectif 3DI vient de s’achever. La compétition se déroulait comme l’an dernier à Pers en Gatinais dans le Centre. Nous voilà donc partis ultra motivés, pour en découdre et si possible décrocher notre place pour le championnat d’Europe en Slovénie.
Dans ma catégorie, nous sommes 9. Personnellement, je sais que je ne pars pas favorite mais que je ne suis pas en bas du tableau. J’essaie de m’enlever les résultats habituels de la tête et de faire table rase. Ce week end, tout le monde est capable de tout (en bien ou mal), quelques soient les scores de l’année. Moi y compris.
On commence donc le samedi après midi. Nous voilà parties pour 24 cibles, à raison de 2 flèches par cible. A la fin de cette étape, l’une de nous sera éliminée. L’ambiance dans le peloton est très bonne, et la journée avance tranquillement. Je tire comme je sais le faire. Je fais des erreurs mais je suis bien placée au sein de mon peloton, donc je ne panique pas et je reste positive. En fin de journée, je suis 3ème. Ca passe, et je grapille quelques points de classement au passage.
Je suis contente, mais déjà l’appréhension est là. Je veux absolument atteindre les duels, mais pour cela, il faut encore passer par 2 étapes éliminatoires : l’une de 12 cibles après laquelle nous ne serons plus que 6, l’autre de 8 cibles après laquelle nous ne serons plus que 4. Tout ça à raison d’une flèche par cible. Ca va donc très vite, et tout peut arriver. N’importe qui, même les meilleures, peuvent sortir sur ces phases.
Le dimanche matin, les choses sérieuses commencent donc. Je mets cette appréhension de coté et m’interdis de penser aux conséquences de mon tir. Je dois agir flèche après flèche sans calculer ce que les résultats signifient en terme d’élimination ou de qualification. Je démarre au quart de tour sur les 12 cibles avant un coup de mou. Puis je me reprend. Le tir est propre et le mental est là. Je termine 2ème exaequo avec Mylène. Nous partageons donc les points de classement mais le résultat est plus que positif.
On enchaine l’après midi sur les 8 cibles. Tout s’accélère. Cette fois ci, nous sommes toutes les 6 dans le même peloton et nous savons donc cible après cible où nous en sommes dans le classement et qui risque de passer l’étape ou d’être éliminée. Personnellement, je démarre trop doucement et fait rapidement une erreur. J’alterne entre la 5ème place franche et la 3ème place exaequo avec la 4ème et 5ème. Tout peut donc arriver. A la 6ème cible, je suis 5ème avec 2 points de retard sur la 4ème. Les filles ne lachent rien. Mon cerveau a envie de lacher, de se dire « tant pis, c’est déjà mieux que l’an dernier ». Je me vois déjà éliminée. Et puis je réagis. Je me dis qu’il me reste encore 2 cibles, et que je n’ai pas le droit de relacher tant que je ne les ai pas tirer. C’est la tempête dans ma tête. J’ouvre le tir sur la 7ème cible : le chat de dos (un 10 de 4 cm de diamètre, un 8 pas plus large et beaucoup de chance de faire une paille ou un 5 en latéral…)… A 33 mètres. Je trouve le 11 aux jumelles et je ne le quitte pas des yeux pour ne pas le perdre. Je tire cette flèche ultra motivée. C’est maintenant qu’il faut se réveiller. La flèche arrive plein 11. Et je repasse dans le cut d’un petit point. La niak est de retour mais je peux me faire reprendre sur la dernière, où tout va se jouer. Parlons en d’ailleurs. Le pingouin à 45m. Je ne l’aime pas celui là. Tant pis. Je mets ma rancune de coté, je ne lache rien et ça passe. Surprise, je finis même 2ème ! Je suis dans les 4 ! Je vais faire les duels ! Yeeesss !
Nous attendons longtemps avant les duels. J’ai le temps de souffler un peu avant de me recentrer sur ce qu’il reste à faire. Quand les duels des autres armes commencent, je m’isole. Je voudrais supporter les copains, mais la journée a déjà été longue. Je dois économiser mon mental pour mes propres duels et c’est épuisant de soutenir les autres. Mon tour vient. Je suis en demi finale contre Elodie. Je suis au taquet. Mentalement je ne compte rien lacher. Je pourrais mordre ^^. A la 2ème cible, nous sommes à égalité : 21 sur 22. Le niveau est relevé. Sur la 3ème cible, nos flèches partent en même temps. L’une arrive en 5 au dessus, l’autre en plein 10. Je n’ai aucune idée de qui a fait quoi (petit suspense). C’est moi qui fait le 10 : je prends 5 points d’avance. Sur la dernière cible, je joue la stratégie. Quelque soit son tir, il me faut un 8 pour gagner. Le 10 n’étant pas centré sur la zone 8, je ne le vise même pas spécialement. Il me faut un 8. Je le fais. J’ai gagné ! Je suis en finale !
Je retrouve Mylène en finale. Elle aussi est remontée à bloc mais je ne compte rien lacher. Elle met la barre haute dès le début en enchainant les 11, mais je ne me laisse pas impressionnée. Je m’accroche. Après la 3ème cible, je suis menée 31 à 33 (sur 33). Mais je compte me battre jusqu’au bout. Sur la dernière cible, je vois sa flèche arrivée plein 10, pendant que je tire. Je sais que j’ai perdu. Je lache un 8 et perds donc 39 à 43 (sur 44). Un très beau match en somme, sur lequel elle ne m’a pas laissé beaucoup de chance. Mais je n’ai pas baissé les bras, je me suis accrochée et c’est ce qui est le plus important.
Cette victoire permet à Mylène de prendre la 1ère place au classement et de se sélectionner d’office en équipe de France. Je termine donc 2ème avec seulement 2 petits points de retard. On est mardi et je viens de passer une journée et demi à stresser comme jamais parce que mon sort n’était plus entre mes mains. On est mardi et je viens de recevoir l’appel d’une des sélectionneuses qui me dit que je pars en Slovénie ! JE PARS EN SLOVENIE ! JE SUIS EN EQUIPE DE FRANCE ! Clairement je ne réalise pas encore. 11 ans que j’attends de retourner dans cette équipe qui m’a fait tant rêver lors de ma 1ère sélection. 11 ans ! Avec de la patience et beaucoup de travail, je l’ai fait !
Je me laisse encore la journée pour redescendre de mon nuage. Ensuite, je me remets au travail. Il y a des médailles européennes à aller chercher maintenant !
Aurore
Bravo